Marché noir des médicaments : Un fléau qui tue l’Afrique

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L’Afrique fait face à une crise sanitaire silencieuse : la prolifération de médicaments falsifiés et de mauvaise qualité. Ce fléau, présent tant dans les productions locales que dans les importations, menace la santé des populations et représente un défi majeur pour les systèmes de santé du continent. Une récente étude menée par des chercheurs éthiopiens révèle l’étendue du problème, mettant en lumière un chiffre alarmant : près d’un quart des médicaments disponibles en Afrique seraient falsifiés ou de qualité inférieure aux normes.

Les conséquences de cette situation sont dramatiques. Des millions de personnes sont exposées à des traitements inefficaces, voire dangereux, tandis que les systèmes de santé sont mis à rude épreuve. Les médicaments antipaludiques falsifiés, par exemple, seraient responsables de près de 267 000 décès chaque année, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

L’étude éthiopienne, basée sur l’analyse de 27 études médicales portant sur l’efficacité et l’authenticité des médicaments vendus en Afrique, a examiné 7 508 échantillons. Le constat est sans appel : 22 % des médicaments disponibles sur le continent sont falsifiés ou de qualité inférieure. Les catégories les plus touchées sont les antibiotiques, les antipaludiques et les médicaments antiparasitaires.

Le Nigeria se distingue comme le pays africain le plus affecté par la présence d’antibiotiques de qualité inférieure, avec un taux de 75 % pour la ciprofloxacine et le métronidazole. Au Malawi, l’étude révèle que 88 % des antibiotiques distribués seraient défectueux. En revanche, le Gabon affiche un taux de 0,5 % d’antibiotiques de qualité inférieure ou falsifiés, ce qui en fait le pays le moins touché par ce fléau.

Les causes de cette situation sont multiples. La faiblesse des cadres réglementaires dans de nombreux pays africains, l’absence de contrôle dans certaines zones franches et des normes d’importation insuffisantes constituent les principaux facteurs contribuant à la prolifération des médicaments falsifiés.

La lutte contre la falsification des médicaments est un combat complexe et multiforme, qui nécessite une collaboration étroite entre les gouvernements, les institutions internationales, les industries pharmaceutiques et les organisations de la société civile. La protection de la santé des populations africaines repose sur la mise en place de politiques rigoureuses, de contrôles efficaces et d’une sensibilisation accrue à l’importance de la qualité des médicaments. La « fausse pille » représente une menace réelle pour le bien-être des populations du continent et exige une action urgente et concertée de tous les acteurs.

Sandrine Akoa Owona

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