DÉCHETS PLASTIQUES : Des risques de criminalité financière liés au commerce mondial

Selon le rapport de l’Environmental investigation agency (EIA), le commerce mondial des déchets plastiques est devenu un vecteur de criminalité financière. Les criminels et les groupes du crime organisé, exploitent les failles réglementaires pour se livrer à des fraudes, des pots-de-vin et du blanchiment d’argent sous couvert de recyclage.
Le commerce mondial des déchets plastiques est en déclin, mais reste un enjeu environnemental majeur. Les pays développés exportent souvent leurs déchets plastiques vers des pays en développement, soulevant des questions d’équité et de pollution. « De nombreux pays à revenu élevé exportent des déchets plastiques vers des pays à faible revenu, invoquant des coûts de traitement nationaux élevés, dus au sous-investissement dans les infrastructures de gestion des déchets. Cependant, la faiblesse des capacités de contrôle, tant dans les pays exportateurs que dans les pays destinataires, favorise une fraude systémique, notamment de fausses déclarations de déchets, la falsification de documents et l’utilisation abusive des crédits de recyclage. Les courtiers et les intermédiaires obscurcissent délibérément les chaînes d’approvisionnement, facilitant ainsi l’évasion fiscale, la corruption et le trafic de déchets à grande échelle » peut-on lire dans le rapport de l’EIA.
La conséquence de ces exportations selon l’EIA est que des millions de tonnes de déchets plastiques sont exportées illégalement et mal gérées chaque année, contribuant à la destruction de l’environnement, aux crises de santé publique et aux violations des droits humains. Les accords internationaux, comme la Convention de Bâle, tentent de réglementer ce commerce, mais des défis persistent. Cette convention est considérée comme l’accord international le plus complet en ce qui concerne le traitement des déchets dangereux. « Malgré une gouvernance internationale telle que la Convention de Bâle, qui réglemente les mouvements transfrontaliers de déchets plastiques, la corruption et le manque de surveillance permettent aux réseaux criminels d’opérer en toute impunité » lit-on dans le rapport de l’EIA.
Alimentées par la croissance exponentielle des déchets plastiques produits, les autorités prévoient une croissance correspondante des pratiques sophistiquées de commerce illégal de déchets, les criminels exploitant les institutions financières pour blanchir leurs produits illicites. En 2022, INTERPOL soulignait déjà que les délits de pollution, notamment ceux impliquant des groupes criminels organisés, sont souvent liés à la fraude documentaire, à l’évasion fiscale et au blanchiment d’argent. La corruption demeure un facteur clé, permettant la manipulation des registres d’expédition de déchets pour faciliter le commerce illicite.
Pour l’EIA, si une grande partie du commerce mondial de déchets plastiques est légitime, distinguer les transactions légales des abus criminels représente un défi majeur pour les institutions financières. Les acteurs illicites imitent souvent les flux commerciaux légaux et le manque de données justificatives fiables rendant leur détection difficile.
Par Albert BOMBA