Exploitation minière illégale : À l’Est Cameroun, les autorités lancent l’opération « Eaux claires »

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(Green And Health News) – L’exploitation minière sur les lits des cours d’eau a le vent en poupe dans la région de l’Est Cameroun. Bien qu’interdite par une décision signée le 28 août 2019 et renforcée par certaines dispositions de la loi n° 2023-014 du 19 décembre 2023 portant code minier. La prolifération de ce type d’exploitation dans les rivières de la région éponyme, continue de se faire au gré des risques environnementaux et sanitaires.

Dans l’optique de démanteler toutes les activités minières illégales dans cette partie du pays, le gouverneur de la région de l’Est a procédé au lancement de l’opération « Eaux claires ». À en croire Grégoire Mvongo, plusieurs dizaines d’embarcations ont déjà été saisies puis détruites au cours de cette opération. « Nous avons eu à mettre la main sur des embarcations à plusieurs étages, longues de 100 à 150 mètres linéaires, voire plus ».

Malgré ces premières réussites, qui illustrent l’ampleur du phénomène. Deux études menées par l’ONG Forêts et Développement Rural (FODER) sont encore plus explicites et mettent en lumière les dégâts causés par l’exploitation minière artisanale et semi-mécanisée dans les arrondissements de Batouri, Kétté et Kentzou.  « Entre 2010 et 2024, la surface consacrée à l’exploitation minière dans la région de l’Est est passée de 82 hectares à plus de 4 600 hectares. À elle seule, la commune de Batouri concentre 70 % de cette activité, soit 3 247 hectares, contre seulement 79 il y a 14 ans. La commune de Kétté suit de près, avec une dynamique tout aussi préoccupante », indique le FODER. D’ailleurs la même étude précise que, « près de 44 % de ces superficies minières, soit 2 025 hectares, étaient autrefois des terres agricoles ». Une situation alarmante qui, non seulement ouvre la voie à l’insécurité alimentaire, mais renforce davantage la déforestation massive et la pollution.

Inscrite dans une volonté de faire respecter la réglementation, de protéger durablement les ressources naturelles et les populations riveraines. L’opération « Eaux claires » lancée par les autorités administratives de la région de l’Est intervient 6 ans après la décision signée le 28 août 2019 par le défunt ministre chargé des Mines, Gabriel Dodo Ndoke. Une décision qui portait sur l’interdiction de toutes activités d’exploitation minière artisanale semi-mécanisée sur les lits de cours d’eau du Cameroun, par l’usage de moyens mécaniques de quelque nature que ce soit.

Réputée dangereuse en raison des risques environnementaux et sanitaires. L’exploitation minière sur les lits des cours d’eau fait régulièrement recours à l’usage de produits toxiques pour le traitement du minerai. Conséquence, le risque sur les ressources halieutiques s’intensifie, sans oublier les potentielles maladies liées à la consommation d’eau contaminée. Tel que perçu, le Cameroun a davantage durci le ton de la répression au fil des années. Avec le Code minier promulgué par la loi n° 2023-014 du 19 décembre 2023. Outre le fait de réglementer l’exploitation minière, notamment dans les cours d’eau. Cette loi, ainsi que ses décrets d’application engagent les autorités à pouvoir lancer des opérations pour lutter contre l’exploitation minière illégale. C’est le cas avec l’opération “Eaux claires” menée dans la région de l’Est, qui vise à lutter contre l’exploitation minière dans les cours d’eau malgré les interdictions en vigueur.

Martial OBIONO

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