Production industrielle d’or : Le Mali face aux défis de pénurie de carburant

La production industrielle d’or au Mali, qui avait connu un recul de plus de 20 % en 2024, ne montre pas encore de signes de rebond en 2025. La situation est d’autant plus préoccupante que le pays est confronté à une pénurie de carburant due au blocus imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Cette crise énergétique a déjà affecté la vie économique et sociale du pays, notamment dans la capitale Bamako.

Malgré la pénurie de carburant, les principaux producteurs d’or du pays semblent être épargnés pour le moment. La compagnie canadienne Allied Gold a reconnu des perturbations dans l’approvisionnement en carburant dans certaines régions, mais a précisé que les activités à Sadiola se poursuivent normalement. De son côté, Robex Resources a indiqué que sa mine d’or Nampala au Mali reste en bonne voie pour atteindre les objectifs annuels, tout en soulignant que ces performances dépendront de l’évolution de la situation opérationnelle dans le pays.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi le secteur minier est relativement épargné par la crise. Les mines disposent généralement d’installations de stockage de carburant et de systèmes de stockage d’énergie qui leur permettent d’assurer la continuité des opérations pendant une période prolongée, même en cas de retard d’approvisionnement. Par exemple, Resolute Mining a achevé en 2021 la construction d’une nouvelle centrale électrique hybride comprenant un système de stockage par batterie de 10 MW et une installation de stockage de carburant en vrac d’une capacité de 4 millions de litres.

Le recours aux énergies renouvelables en progression

Les opérations minières au Mali reposent encore largement sur des générateurs diesel, mais le recours aux énergies renouvelables progresse. Les mines d’or Loulo-Gounkoto et Fekola intègrent déjà des unités de production solaire. Allied Gold a également annoncé début octobre 2025 un projet d’unité solaire de 35 MW à la mine d’or de Sadiola, prévue d’ici 2027.

Des risques supplémentaires pour la production industrielle d’or

Malgré les efforts des autorités depuis septembre, la crise du carburant persiste au Mali. Faute de solution durable au blocus et aux attaques récurrentes des groupes djihadistes, la question n’est peut-être plus de savoir si les mines d’or seront affectées, mais quand elles le seront. Cela constitue un risque supplémentaire pour la production industrielle d’or du Mali, qui a déjà baissé de 32 % en glissement annuel à fin août 2025.

Françoise ESSONO

Crédit image : Financial Afrik