Blondel Silenou : Une voix africaine qui prône la protection de ses terres

Forum Social Mondial Ouest Africain, Dakar — Blondel Silenou, délégué camerounais, a pris la parole pour défendre une cause qui lui tient à cœur : l’agroécologie paysanne. Avec conviction, il a déclaré : « L’Afrique n’est pas la poubelle des produits chimiques toxiques ! ». Cette phrase lancée avec conviction lors du lancement du mouvement KILIMO EKOLOJIA résume parfaitement son état d’esprit et celui de sa génération, qui refuse de voir l’Afrique centrale devenir le déversoir des pratiques agricoles toxiques bannies ailleurs.
Blondel Silenou représente les mouvements de jeunesse du bassin du Congo et porte un message d’espoir ancré dans la réalité de son terrain. La région, qui abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, concentre des défis agricoles majeurs : déforestation massive, agriculture sur brûlis, dépendance aux importations alimentaires. « Nos sols sont parmi les plus riches du continent. Notre climat est favorable toute l’année, et pourtant nous importons notre riz d’Asie, notre blé d’Europe. C’est un non-sens économique et écologique que notre génération refuse d’accepter », déplore-t-il.
Depuis plusieurs années, Blondel s’active à coordonner et à mettre en place une dynamique de jeunes dans six pays du bassin du Congo. L’idée est d’expérimenter des techniques agroécologiques adaptées aux spécificités de la zone équatoriale et sahélienne. Dans l’arrière-cour de l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement au Cameroun, il pilote une série de formations destinées aux jeunes. « Si notre génération doit prendre conscience de sa mission, il importe pour nous de garantir le transfert de compétences nécessaire », souligne-t-il avec conviction.
Blondel Silenou milite pour une harmonisation des politiques agricoles dans la sous-région. « Les pesticides interdits au Cameroun peuvent encore être vendus en RDC ou au Gabon. Il faut une approche régionale coordonnée », plaide-t-il. À l’heure où son combat commence à trouver un écho particulier auprès des jeunes, il est important de veiller à ce que les autorités intègrent les questions agroécologiques paysannes dans leurs programmes de développement.
Fort du succès du lancement de KILIMO EKOLOJIA, Blondel Silenou annonce déjà ses prochaines initiatives. « Nous organiserons dans quelques mois la première académie de l’agroécologie paysanne, suivie d’une série d’initiatives », révèle-t-il. Son ambition, faire de cette région un modèle continental de transition agroécologique, démontrant qu’il est possible de concilier sécurité alimentaire, préservation de l’environnement et développement économique. « L’Afrique peut nourrir l’Afrique. Mais pour cela, il faut d’abord que l’Afrique centrale se nourrisse elle-même. C’est notre défi, c’est notre mission », répète-t-il en écho au slogan du mouvement.