Exploitation forestière : Le gouvernement accuse 9 ONG nationales et internationales de dérouler l’agenda de certains groupes de pression
En 23 ans, le Cameroun déclare avoir versé 130 milliards de Fcfa aux CTD. Le gouvernement, fortement critiqué pour sa politique climatique, s’explique une fois de plus sur la concession d’huile de palme de 60 000 hectares accordée à l’agro-industriel Camvert et la transformation du massif forestier d’Ebo en unités forestières d’investissement.
9 organisations non-gouvernementales (ONG) nationales et internationales dites de défense de l’environnement, telles que Greenpeace et Green Development Advocates, ont été accusées par le gouvernement pour avoir organisé « l’agenda de certains groupes de pression dont elles sont le cheval de Troie au Cameroun ».
Fin avril dernier, cette coalition d’ONG a envoyé, sous la forme d’une lettre ouverte, un brûlot aux ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni, de la France, des Etats-Unis, du Canada, des Pays-Bas, et d’autres puissances occidentales auxquelles faut ajouter la Commission de l’Union européenne, pour leur faire part de leurs « inquiétudes quant à la déforestation à grande échelle pour les plantations agro-industrielles et la dégradation des forêts par l’exploitation forestière industrielle illégale au Cameroun ». Elles appuient notamment sur la concession de 60.000 hectares accordée il y a quelques années à l’agro-industriel Camvert pour développer une palmeraie dans la localité de Campo-Ma’an (Sud), ainsi que sur la transformation du massif forestier d’Ebo (Littoral) en unités forestières d’aménagement (Ufa) de 68 385 et 65 000 hectares respectivement.
Le gouvernement n’apprécie pas cette sortie, qui dénonce l’hostilité de ces organisations à toute activité humaine dans les forêts et leur choix radical qui les empêche non seulement d’évaluer les progrès, mais les pousse également à sous-estimer, voire à négliger les intérêts du Cameroun, à améliorer le cadre et les conditions de vie de ses populations. Dans un rapport publié le 13 mai dernier, le ministre des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo, condamne vivement ces actions qui ne visent qu’à compromettre les efforts du pays pour préserver sa biodiversité, tout en accusant la communauté internationale. « Notre pays qui attache du prix au respect de ses engagements pour les grandes causes écologiques mondiales et la lutte contre le changement climatique, attend plutôt de ses partenaires qu’ils tiennent leurs promesses solennellement faites lors des grandes rencontres internationales. Il n’est pas compréhensible que le droit à l’existence des Ong puisse se réaliser dans la délation et la négation des évidences et au détriment de l’image du Cameroun », affirme le ministre Jules Doret Ndongo.
Dans les faits, commence-t-il, la superficie des aires protégées du Cameroun couvre 9 837 310.07 hectares, soit 20,71% du territoire national, « bien au-delà de l’objectif de 12% des Nations unies. Le taux de déforestation du Cameroun est d’environ 0,6%, ce qui le situe parmi les plus faibles au niveau de la sous-région du Bassin du Congo ». Le membre du gouvernement ajoute que la prise en compte des communautés ainsi que les collectivités territoriales décentralisées étant une exigence dans le processus d’aménagement des aires protégées et des forêts de production comme le préconisent leurs décrets de création, « les plans d’aménagement sont réalisés de manière participative et inclusive et prévoient la négociation des accords entre les acteurs et les populations riveraines ».
Redevance forestière et taxe d’affermage
Pour la première fois, Jules Doret Ndongo communique le total des redevances forestières annuelles et taxes d’affermage payées depuis 2000, soit 23 ans, aux communes et communautés riveraines. C’est un montant de 130 milliards Fcfa. Le ministre des Forêts et de la Faune affirme que cet argent reversé directement aux bénéficiaires ne comprend pas les revenus provenant de la création de forêts communautaires et de zones d’intérêts cynégétiques à gestion communautaire. Il affirme que « la déforestation à haut risque et la dégradation des forêts alléguées sont prévues », d’autant que « les 2,5 millions m3 de bois légal écoulés chaque année sur le marché national et international représentent 30% de la capacité annuelle de production ». La réduction du déficit d’huile de palme évalué à plus de 160 000 tonnes et de la balance commerciale, largement en défaveur du Cameroun dans ce domaine, est une option gouvernementale assumée. Le ministre écrit que les études d’impact menées et validées permettent de mieux gérer les contradictions inhérentes à cette activité.
A.B et EcoMatin