Organisation de la médecine traditionnelle : Une nouvelle loi inscrite pour légiférer ses pratiques au Cameroun

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(Green And Health News) – Depuis le 24 décembre, le travail des tradipraticiens est encadré par une loi. Désormais ils ont non seulement des droits, mais aussi des devoirs.

Le Cameroun vient de franchir une étape significative dans l’intégration de la médecine traditionnelle et moderne avec la promulgation récente d’une loi visant à réguler les professionnels de la médecine dite traditionnelle. Cette législation a pour objectif de structurer le domaine en distinguant les praticiens qualifiés de ceux moins informés, tout en renforçant la collaboration entre les deux approches médicales (moderne et traditionnelle). Faisant suite à cette loi, un symposium, le tout premier du genre a été organisé le 25 avril 2025 à la Faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques de l’université de Douala par le Dr Bohono Okogo Jacque Edouard, président fondateur de l’organisation des chercheurs et médecins holistiques (OCMH) sous le thème « Médecine Holistique et phytothérapie en contexte de santé globale ».

C’était l’occasion pour les différents participants d’exprimer leur enthousiasme quant au potentiel cette loi à promouvoir une médecine holistique, qui prend en compte le corps, l’esprit et l’âme. Cette approche pourrait jouer un rôle crucial dans les centres de santé intégrés, offrant ainsi une prise en charge plus complète des patients.

Les dispositions de la loi, qui reconnaît diverses pratiques traditionnelles telles que la sage-femme traditionnelle, le traitement des fractures et la guérison spirituelle. Bien que cette législation soit considérée comme un pas en avant pour légitimer et organiser la médecine traditionnelle, des défis subsistent, notamment dans l’évaluation des traitements de santé mentale et la nécessité d’une structuration supplémentaire. Tous les acteurs sont bien conscients du chemin qui reste encore à parcourir « C’est un travail de longue haleine et pour se faire il faut organiser et hiérarchiser la certification des compétences avec les sous spécialités. Il n’y a pas de séparation entre les pratiques médicales mais chacune d’elle répond à un paradigme.  C’est la distinction de ces différents paradigmes qui fait la médecine holistique. Nous devons faire un travail de fond pour élaborer et évaluer les critères de compétence ». Dr ETOKE Richard, spécialiste en bioresonnance, participant

La discussion s’est conclue par une reconnaissance de l’importance d’un dialogue continu et d’un affinement de la loi pour répondre aux besoins évolutifs du secteur de la santé au Cameroun.

Murielle ESSON

Réactions

Prof ETAME LOE, Vice doyenne chargée de la recherche et la coopération à la Faculté de Médecine et Sciences pharmaceutiques de l’université de Douala et cheffe du département des sciences pharmaceutiques.

« C’est l’université qui va vers notre savoir ancestral »

« Je dirais que ce symposium c’est l’université qui va vers notre savoir ancestral pour mettre en place une synergie avec les tradithérapeutes pour qu’on chemine ensemble dans la recherche pour valoriser nos plantes médicinales africaines et camerounaises. Ce symposium marque le départ d’une convention qu’on en train de signer avec les associations de médecine traditionnelle et de médecine holistique. Ces détenteurs de savoir viennent à l’université pour qu’on structure notre patrimoine afin qu’on en arrive à ne plus faire la différence entre les médicaments occidentaux et les médicaments africains. Non ! Médicaments c’est médicament. Pour que les occidentaux reconnaissent le médicament africain comme les chinois ont réussi à le faire, faudrait que tout soit structuré. Je prends le cas des maladies endémiques comme la drépanocytose qui sont considérées comme des maladies orphelines, si nous ne faisons pas nos propres recherches, personne ne le fera à notre place. Pour y parvenir les rapprochements doivent se faire dans les deux sens : les tradipraticiens peuvent travailler leurs plantes dans les laboratoires de l’université qui leur sont ouverts, les académiciens peuvent les aider à standardiser leurs plantes. De l’autre côté, les étudiants iront en immersion chez eux pour apprendre ».

Dr Bohono Okogo Jacque Edouard, Président Fondateur de l’Organisation des chercheurs et médecins holistiques.

« La médecine dite traditionnelle n’est plus traditionnelle »

« Ce symposium marque une collaboration tripartite entre l’OCMH, l’enseignement supérieur via l’université de Douala et l’association des ethnopharmacologues du Cameroun. Cette collaboration voudrait que nous puissions travailler main dans la main pour apporter des médicaments traditionnels améliorés de qualités aux populations pour pouvoir répondre à cette loi sur le cadre législatif de la médecine traditionnelle qui a été promulguée par l’Etat camerounais. Ce symposium veut apporter à tous ces acteurs et à la population camerounaise en particulier et africaine en général de comprendre que la médecine dite traditionnelle n’est plus traditionnelle, que c’est une science à part entière. Nous voulons faire savoir à l’opinion publique que nous pouvons travailler dans les facultés de médecine, les universités.  À l’issue de ce symposium, nous retenons que la médecine traditionnelle n’est plus traditionnelle. C’est une médecine à part entière qui peut être enseignée dans les universités et tous les acteurs qui font partie des différentes variantes de l’article 5 de la loi du 23 décembre 2024 qui cadre légifératif de la médecine traditionnelle que nous pouvons déjà être avec ces médecins et pharmaciens conventionnels et parler concernant la médecine traditionnelle. La prochaine étape c’est la signature d’une convention entre les différentes associations ».

Propos recueillis par Murielle ESSON

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