
Crédit image : La Nouvelle Tribune
(Green And Health News) – Sur fond d’accusations de violations des droits humains en Ouganda, le gestionnaire d’actifs allemand Union Investment, un des 20 principaux actionnaires de Total Energies, a non seulement retiré le pétrolier français de ses fonds durables, mais exige désormais un audit indépendant autour du projet de développement des réserves du bassin Albertine, lequel comprend le pipeline Est-africain EACOP.
À Kampala, le pétrolier français navigue en eaux troubles depuis le 22 mai 2025. La décision du gestionnaire d’actifs allemand, détenteur jusqu’à 50 millions d’euros d’actifs Total Energies dans ses portefeuilles durables, et de 1 milliard USD via d’autres véhicules, vient constituer un nouveau coup de massue pour le groupe français. À la suite d’un rapport rendu public par l’ONG Just Finance International, qui relaie plus de 40 témoignages de victimes évoquant des expulsions forcées, des violences et de l’extorsion autour du site pétrolier de Kingfisher. L’allemand Union Investment a dû mettre le français à l’écart. Un nouveau revers financier qui intervient après celui d’autres banques occidentales.
Entre dégradations de l’environnement, émissions dangereuses pour les écosystèmes, indemnisations insuffisantes et prolongées. Le projet pétrolier du site Kingfisher avait déjà fait l’objet de contestation en juillet 2023. Après une enquête auprès de plus de 90 familles ougandaises affectées par le projet, l’ONG Human Rights Watch l’avait qualifié de « désastre pour les communautés locales ». D’ailleurs, sous la pression des groupes activistes tels que la coalition StopEACOP, onze grandes banques occidentales dont BNP Paribas, Société Générale ou encore Barclays, s’étaient refusées de participer au financement des infrastructures du site pétrolier de Kingfisher.
Sans assez communiquer sur l’affaire, le pétrolier français Total Energies a nié les accusations portées par l’ONG Just Finance International. Une situation qui, vu son impact financier et symbolique, trace tout droit la voie à Pékin notamment à l’assureur Sinosure, spécialisé dans le financement des exportations, et des banques publiques, qui serait en pole position pour reprendre le projet. En effet, et selon les autorités ougandaises, le développement du site pétrolier de Kingfisher représente un projet structurant. En dehors de permettre au pays d’exporter son brut, c’est une aubaine pour la diversification des revenus. Car faut-il le rappeler, l’économie ougandaise reste très dépendante de l’or et du café.