Insalubrité à Yaoundé : Le cauchemar de la population camerounaise
Le Ministre de l’habitat et du développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès a fait une visite ce 14 janvier 2025 dans quelques communes d’arrondissement de Yaoundé où elle a pu constater que la ville aux sept collines sombre dans les immondices.
La ville de Yaoundé brille de plus belle par les immondices. C’est en tout cas ce qu’a pu constater la ministre Célestine Ketcha Courtès lors de sa tournée dans quelques quartiers de la ville de Yaoundé. « Il s’agissait pour nous de comprendre pourquoi toutes les orientations données au maire depuis 2019 qui concourent à mettre tous les acteurs à savoir sociétés civiles, commerçants, bénéficiaires des services essentiels de base ne marchent pas » affirme la ministre.
La tournée a commencé à Coron (Mvog-Mbi) où le ministre a constaté qu’un tas d’ordure ornait le secteur bouchant ainsi les rigoles et empêchant l’eau de ruisseler normalement. Conséquence, la route est inondée d’eau noirâtre, stagnante et mal odorante empêchant les passagers de circuler normalement.
Après le carrefour Coron où la Minhdu a laissé les agents évacuer les ordures, elle a mis un cap au carrefour Mvan. Ici, les déchets bien que présents semblent avoir diminuer en fin d’après-midi. Célestine Ketcha Courtès a recommandé qu’il est nécessaire de fixer un lieu permettant aux populations de verser les ordures.
Après le carrefour Mvan, la visite s’est poursuivie à Ngoa-Ekellé au lieudit Cité U. Ici, les ordures et les odeurs nauséabondes s’étendent le long de la route empêchant les passagers et les voitures de circuler normalement et créant chaque jour des embouteillages.
La visite s’est étendue au carrefour GP Melen où les ordures dictent la loi dans tout le carrefour et sur tout le long des routes. Ici, les ordures s’étalent sur la chaussée rendant la circulation très mauvaise. « Quel est le travail de la Mairie ? Il faut vraiment que ça change, c’est malheureux pour le pays » s’est indignée une passante. Répondant à quelques questions du Ministre, un habitant du quartier Melen martèle que les ordures s’étendaient déjà vers la route et la société de ramassage d’ordure est passée une seule fois au mois de décembre juste pour libérer la route des ordures et après elle n’est plus passée jusqu’à date.
Tout au long de la clôture du CHU (Centre Hospitalier Universitaire), les ordures règnent également en maitre d’accueil. Le même constat est fait à Politech, carrefour Emia et le secrétariat d’État à la Défense (SED). « Ça fait au moins 1 an que la population est entrain de souffrir et ce n’est pas normal. Comme le ministre est descendu sur les lieux, nous allons au moins nous sentir à l’aise par rapport à ça. Les mouches sont partout, c’est elle la ministre de la ville et elle doit contrôler tout cela. Je lui dis merci. Il fallait au moins qu’on passe chaque fois pour ramasser les ordures » a déclaré Tendji, habitant de Melen.
Au maché Mokolo, malgré le nettoyage du service d’hygiène et salubrité l’on peut observer que les dépôts d’ordures constants ont perforé la ruelle rendant cette zone presque impraticable. « Il y avait un bac où on versait les ordures, mais lorsqu’on a chassé les femmes qui vendaient là, on s’est mis à verser les ordures au sol », Bidias Luc, commerçant à Mokolo.
A la commune de Yaoundé 1 plus précisément au marché Etoudi, les commerçants et les poubelles cohabitent ensemble et ne forment plus qu’un, tel un couple de mariés. « C’est grâce à nous que la poubelle ne traverse pas la route. Notre problème c’est qu’on doit nettoyer la poubelle pour que la route passe normalement, c’est ça qui crée l’embouteillage » déplore Fatima, commerçante au marché Etoudi.
Solange également commerçante dans le même marché rajoute que ce sont les gens du marché qui versent les ordures en route et quand on les chasse, ils reviennent. « Il faut vraiment enlever la saleté à côté des commerçants. Il y a les asticots un peu partout et chaque fois, on va à l’hôpital pour se faire consulter, parfois on prend les remèdes à l’indigène » a-t-elle rajouté.
Des mesures d’urgence en vue et quelques solutions proposées
Ayant constaté tout ceci, le Ministre de l’habitat et du développement urbain, Célestine Ketcha Courtès a convoqué une réunion avec les différentes parties prenantes dans l’optique de prendre des décisions qui s’y imposent. « Il faut dire que sur le terrain, nous nous sommes rendu compte de ce qu’effectivement, en plus du problème des paiements des prestataires qui se sont totalement démobilisés depuis décembre, il y en a qui revendique 4 milliards, 15 milliards. Nous avons convoqué une réunion pour demain (mercredi 15 janvier, NDLR), pour prendre les décisions idoines afin de comprendre pourquoi les orientations que nous avons donné depuis 2019 au maire ne marchent pas. Nous l’organisons chaque année et le gouverneur du centre va lancer la campagne ville propre » a-t-elle affirmé.
La Minhdu a également relevé que grâce aux taxes que les différents commerçants payent dans les marchés, on pourrait recruter de la main d’œuvre jeune, dynamique et disponible. « Il y a également l’esprit patriotique qui n’y est pas. Nous avons quand même des petits tickets que payent les commerçants en l’absence des entreprises prestataires officielles. On pourrait utiliser ces petites ressources des opérateurs des marchés pour organiser les mains jeunes, dynamiques et disponibles pour faire le maximum avec le minimum comme a demandé le chef de l’Etat. On nous a parlé également de la non signature des contrats que nous avons prescrit dans une réunion en mi 2024 avant mon opération coup de point que j’avais organisé pour demander à titre exceptionnel que certains contrats soient examinés et que les procédures administratives soient allégées » a-t-elle martelé.
La ministre déplore le fait que les acteurs plombent l’avancée de la gestion des ordures au Cameroun. « Nous avons également constaté que c’est l’ensemble des acteurs qui plombent le système de gestion des ordures dans notre pays parce qu’il y a l’indiscipline, l’incivisme, la négligence et un peu de tout. Les maires qui sont les maitres d’ouvrage doivent également prendre en main les comités d’hygiène et salubrité dans leur territoire, ils doivent se sentir acteurs de l’amélioration de leur cadre de vie. Dans tous les cas, le président de la république nous a donné des instructions et nous allons prendre les taureaux par les cornes pour que l’ordre règne dans les villes de Yaoundé » affirme-t-elle.
Rappelons qu’au lendemain de la réunion présidée par le Premier Ministre Chef du Gouvernement le 26 octobre 2023, le MINHDU avait présidé de nombreuses réunions avec divers acteurs concernés dans la mise en œuvre des hautes directives. Au cours de son allocution à la Nation le 31 décembre 2023, le CHEF DE L’ETAT avait instruit que les différents acteurs travaillent en synergie afin de trouver des solutions durables et pérennes à cette problématique de gestion des ordures ménagères. À la suite de nombreuses descentes sur le terrain pour le suivi des recommandations issues des réunions, force est de constater que les ordures jonchent toujours les rues. Pas un seul coin de la ville n’est épargné. L’insalubrité est visible partout. Que ce soit sur l’itinéraire présidentiel, les pénétrantes de la ville, les abords des hôpitaux, des établissements éducatifs, des résidences des personnalités diplomatiques, des membres du Gouvernement pour ne citer que ceux-là, pas un seul pas sans faire face à un dépotoir d’ordures.
Albert BOMBA