Réforme des finances : La SNH soumise à une nouvelle procédure budgétaire dès 2026

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Après des années de critiques du FMI sur l’opacité des interventions directes de la Société Nationale des Hydrocarbures, le gouvernement camerounais acte un tournant. Dès 2026, ces dépenses devront suivre la chaîne classique d’exécution budgétaire, selon la circulaire présidentielle du 18 juillet 2025.

Dès janvier 2026, la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) ne pourra plus effectuer de dépenses pour le compte de l’État en dehors des règles habituelles de gestion publique. Cette disposition figure en bonne place dans la circulaire présidentielle signée le 18 juillet 2025, qui encadre la préparation du budget de l’exercice 2026. L’objectif : mettre fin aux pratiques dérogatoires ayant longtemps échappé à la transparence et au contrôle budgétaire. Jusqu’ici, la SNH finançait, à la demande de la présidence, des besoins jugés urgents ou sensibles — notamment en matière sécuritaire ou énergétique — sans passer par la loi de finances. Ces opérations, menées hors budget, étaient régulièrement dénoncées par le Fonds monétaire international (FMI) pour leur manque de traçabilité.

Pourtant, en 2025, les interventions directes de la SNH continuent de croître. Le rapport annexé à la loi de finances fait état d’une hausse de 105,8 milliards FCFA sur les biens et services, largement portée par des financements de la SNH, en particulier dans le secteur sécuritaire. Un paradoxe alors que les autorités s’étaient engagées à limiter ce type de pratiques.

Depuis le début du programme FEC en 2021, le FMI n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme. En 2021 déjà, les interventions de la SNH atteignaient 138 milliards FCFA à mi-parcours, bien au-dessus du plafond de 100 milliards. La tendance s’est poursuivie en 2022 et 2023, compromettant les objectifs de rigueur budgétaire et affectant l’investissement public. Malgré la mise en place d’un comité ad hoc et des promesses de reddition de comptes trimestrielle, les rapports du FMI — notamment celui de novembre 2024 — constatent la persistance de ces écarts.

La nouvelle circulaire impose désormais que ces dépenses passent par la chaîne normale d’exécution, mais prévoit un mécanisme spécifique au ministère des Finances pour tenir compte de leur caractère urgent. Une manière de concilier orthodoxie budgétaire et réactivité étatique. Reste à voir si cette réforme marquera enfin la fin d’une zone grise longtemps tolérée au sommet de l’État.

La Redaction

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