Marc Rotgé : « Notre axe majeur est la promotion de l’auto-développement local des communautés »
Le Président d’Asefce International donne les points forts qui ont marqué l’année 2023 et les nouveaux défis de l’année 2024.
Quelles sont l’ensemble des activités que mènent ASEFCE INTERNATIONAL ?
Afrique Solidarité Emploi Formation Création Entreprises International est aujourd’hui présente sur 10 pays dont Haïti et depuis peu sur le continent sud-américain avec comme ambassadeur le professeur Andrés Ramon VERA GOMEZ en Argentine au sujet des peuples amérindiens dont les intérêts sont identiques aux peuples africains. Notre axe majeur est la promotion de l’auto-développement local des communautés tant en milieu urbain que rural. Nous estimons que les ressources nécessaires à leur développement sont en partie entre leurs mains et qu’il nous appartient de les responsabiliser par une mise en valeur de leurs compétences.
Nous intervenons par un partenariat avec les organisations de la société civile qui œuvrent au plus près des populations notamment Éducation et autonomisation de la jeunesse ; autonomisation et défense des droits civils des femmes ; hygiène et santé en milieu scolaire et communautaire ; agroécologie et développement de la vie rurale, micro entreprenariat par des activités génératrices de revenus (AGR) ; défense des droits humains ; sensibilisation des institutions gouvernementales nationales et internationales aux enjeux du développement durable.
Quelles sont les actes forts que vous avez menés au cours de l’année 2023 ?
Le Camp Climat Jeunes Afrique – Africa Youth Climate Camp CCJA-AYCC 2éme édition du 2 au 7 Août au Togo à l’initiative de notre représentant national Dzidodo Koudjo EKPE qui a rassemblé plus d’une centaine de volontaires venus d’ Afrique de l’Ouest et des Etats Unis sur deux préfectures du pays notamment Vogan et Kloto. La 3éme édition se prépare pour 2024 dans la région de La Kara. 100 Latrines familiales pour le village de DJOKOPE initié par les volontaires du CCJA d’Août à Décembre 2023.
L’Agriculture burkinabé face au réchauffement climatique (Burkina Faso)
Le programme s’est présenté sous trois phases. La première phase était basée sur l’enquête préliminaire auprès des agriculteurs non lotis sur leurs activités, leurs productions (méthodes de cultures, rendement), leurs difficultés dans les différents aspects de leurs activités. La deuxième phase était basée sur la formation théorique individuelle ou en groupe avec la participation d’un formateur ingénieur Agronome et le concours des bénévoles de ACEC et ASEFCE INTERNATIONAL BURKINA FASO. La troisième phase était basée sur l’apport de solutions concrètes sur le terrain des cultures par des expériences afin de répondre au manque d’eau, fabrication et usage d’engrais naturels, choix des semences.
Résilience et Autonomisation des femmes rurales productrices du fonio du cercle de Bougouni, région de Bougouni (Mali)
Dans le souci d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, les Associations des femmes rurales, productrices de fonio, appuyées par le Bureau Appui Conseils aux Initiatives Rurales et Asefce International, ont décidé dans le cadre de ce projet de cultiver 200 hectares pour 400 productrices de fonio au profit de ses membres au niveau rural afin de lutter contre la faim.
3- Quels sont les difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre de vos activités ? Quelles peuvent être les raisons ?
Les difficultés sont inhérentes à toutes les actions, elles font partie du jeu et nous motivent. Une des plus importantes est le manque d’engagement des autorités nationales et organisations internationales dans certains pays auprès des Osc sur le terrain. Nous dépensons force et énergie afin de les intéresser à nos programmes. Nous pouvons déplorer l’égocentrisme et l’appât du gain facile de la part de certains jeunes qui nous rejoignent un temps en espérant de notre part une promotion de leur image et le financement de leurs besoins.
Cette dernière difficulté est cependant compréhensible compte tenu de la situation générale de paupérisation pour une large majorité de la jeunesse africaine. Nous avons depuis des années permis à des jeunes gens talentueux de sortir de l’anonymat et grâce à la mise en lumière de leurs compétences. En ce qui concerne le manque d’attention des autorités, les raisons en sont plus complexes et mériteraient une interview fleuve. Citons une centralisation excessive du pouvoir de décision, les antagonismes sociaux et politiques, l’orientation vers l’hyper urbanisation des villes qui détourne une part importante des budgets nationaux.
Avez-vous atteint vos objectifs au cours de l’année 2023 ? Si oui, quelles sont les stratégies utilisées ?
L’ensemble des grands projets se sont concrétisés et se poursuivent pour beaucoup d’entre eux en 2024. Nos méthodes sont centrées sur la responsabilisation et l’autonomie de nos équipes, de nos partenaires sur le terrain dont ils ont une pleine connaissance. Nous favorisons depuis longtemps les contacts avec les assemblées de notables, le respect des codes sociaux des populations. Nous ne sommes pas des “savants” mais des pédagogues. Rien ne peut avancer sans la collaboration des communautés pour lesquelles nous agissons, à cela s’ajoute une parfaite confiance avec les osc qui sont nos partenaires.
Nous allons mettre en place des sessions de formation pour le montage de projets, la budgétisation des initiatives par la recherche de soutiens tant financiers que logistiques, la culture de l’engagement bénévole. Une “Université” en ligne sera ouverte en premier lieu à nos membres mais qui pourra s’élargir à d’autres publics.
Quels sont les points forts et les axes d’améliorations pour le futur ?
Nos points forts s’expriment dans l’engagement bénévole constant de chacun, la compréhension des problématiques sur le terrain par une proximité quotidienne avec les collectivités, un sens exacerbé du dialogue et d’échanges avec tout interlocuteur quel qu’il soit. Les axes d’amélioration concernent le fonctionnement interne de notre organisation par une formation accrue de nos cadres et agents communautaires sur différents sujets que je viens d’évoquer en partie dans votre question précédente.
Sans doute, une réorganisation d’une minorité de nos représentations nationales qui parfois oublient qu’elles dépendent statutairement d’Asefce International et ont tendance à confondre autonomie avec séparatisme. Actualisation des procédures en tenant compte des évolutions des législations africaines nationales et panafricaines.
Peut-on avoir une idée de quelques activités à mener en 2024 ?
De nombreuses activités ont déjà démarré. Si je dois en valoriser quelque unes, je citerai la 3éme édition du Camp Climat Jeunes Afrique ; mener à bien le protocole de coopération avec le gouvernement tchadien dont la négociation est en cours ; poursuivre les programmes 2023 en développement rural ; mettre en place d’une plateforme de parrainages d’enfants avec le Ghana ; lancer l’ “Université” Formations et Applications ; une participation accrue au Festival International Éclaté et Régionalisé des Objectifs du Développement Durable (FIER des ODD) dont nous sommes les cofondateurs ; implanter de nouvelles représentations nationales. Mais à mon sens la moindre action entreprise sur le terrain au bénéfice des populations, est très importante, peu importe ses dimensions,
Interview réalisée par Albert BOMBA