Paludisme au Cameroun : L’ONG JVE acteur dans la lutte

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Dans une interview accordée à la rédaction de Green And Health News, Hervé Makebel, Expert en financement climatique et Chef du Département Climat, Energie et RRC à JVE Cameroun donne les actions que l’ONG JVE Cameroun a entrepris dans le cadre de la lutte contre le paludisme.

Etant donné que le moustique qui transmet le paludisme grandit dans un environnement dégradé, comment JVE Cameroun contribue-t-il à la lutte ?

L’une des missions de JVE Cameroun c’est la protection de l’Environnement. De ce fait, nous avons créé un Département chargé de la protection de la biodiversité et la restauration des ressources. Chaque année, ce département organise et met en œuvre diverses activités dans le but de promouvoir la salubrité publique et locale. Ces actions sont menées aussi bien dans les quartiers que dans des écoles, avec une forte mobilisation de jeunes et une campagne d’information et sensibilisation dans divers médias radio et télé, sans oublier les réseaux sociaux.

Quelles sont les actions menées jusqu’ici par JVE Cameroun pour lutter de façon directe ou indirecte contre le paludisme ?

L’une des actions phares de JVE Cameroun dans ce sens c’est le Programme « Trash Challenge » qui une initiative visant à nettoyer le lit de rivières et de caniveaux où les larves de moustiques se développent généralement. Deux éditions de ce programme ont été réalisées respectivement en 2022 et 2023 et la troisième édition est en cours de préparation. Ce programme a un objectif triple car tout en nettoyant, nous collectons et trions les déchets que nous remettons à des structures agréées qui procèdent à leur recyclage et enfin nous sensibilisons les populations riveraines pour qu’elles tiennent propres ces environs pour ainsi éviter la prolifération des maladies parmi lesquelles le palu. Un second programme de JVE Cameroun vise les mêmes objectifs. Il s’agit du programme « Keep it clean » qui est une Caravane Scolaire effectuée chaque année dans différents établissements scolaires primaires pour sensibiliser les élèves au lavage des mains et au maintien de la salubrité à l’école mais aussi à la maison.

Quels sont les résultats obtenus après actions menées ?

En termes de résultat, en 2022 par exemple, JVE Cameroun a pu rallier à cette cause l’appui du Haut-Commissariat de Grande Bretagne au Cameroun. L’activité qui avait été réalisée simultanément dans les quartiers Ngoa-Ekélé (au lieudit Cité des Nations) et à Biyem-Assi, avait mobilisé une centaine de jeunes issus de plus de 70 Associations différentes. Environ 2 tonnes de déchets avaient été collectées avec une quantité de bouteilles plastiques qui ont été remises à l’entreprise Namé Recycling pour recyclage. En 2023, une septantaine de jeunes avaient été mobilisés pour libérer les rigoles saturées de déchets dans le quartier Essomba dans l’Arrondissement de Yaoundé 4. Près de 1,5 tonnes de déchets collectés sur plus de 2km de caniveaux nettoyés et libérés des eaux stagnantes qui sont un terrain privilégié pour les moustiques.

Quels sont les conseils que vous donneriez aux citoyens lambda pour ne pas contracter le paludisme ?

Premièrement, nous conseillons à chaque citoyen de dormir sous une moustiquaire imprégnée afin d’éviter les piqûres de moustiques qui pourraient transmettre le paludisme ; également, se rendre de façon régulière dans un hôpital agréé pour faire des examens si jamais on n’a pas pu remplir la première règle. En second lieu, nous recommandons à chaque citoyen de veiller à ce que les alentours de sa maison soient propres et plus largement à la salubrité dans le quartier et plus largement la localité, car les moustiques responsables de la transmission du palu se développent très souvent dans ces lieux insalubres. Ceci passe par le défrichage des herbes à proximité des lieux d’habitation, le nettoyage des lits des cours d’eaux environnants et l’élimination des eaux stagnantes, l’installation de protections appropriées aux fenêtres et autres ouvertures des maisons.

Que recommandez-vous aux pouvoirs publics notamment le ministère de l’environnement et les CTD pour pouvoir mieux lutter contre le paludisme ?

Un certain nombre d’initiatives des pouvoirs publics sont déjà en cours d’exécution à l’instar du programme national de lutte contre le paludisme, les campagnes de distribution des MILDA (Moustiquaire Imprégnée à Longue Durée d’Action), entre autres. Ce que nous recommandons, c’est d’accentuer, multiplier et répliquer continuellement ces initiatives car la croissance démographique en fait une nécessité. Au niveau local, les CTD pourraient travailler à améliorer l’accès aux soins et au diagnostic rapide dans les zones rurales et en particulier celles reculées et enclavées, identifier et mettre en place des programmes de pulvérisation d’insecticides à actions rapide dans les zones à haut risque. Par ailleurs, aussi bien au niveau national que local, des ressources suffisantes et durables pour la lutte contre le paludisme devraient être définis dans les budgets, d’où une nécessité de coordonner les efforts dans ce sens entre les deux niveaux, en particulier sur la prise de décisions.

Y’a-t-il d’autres actions futures que JVE Cameroun compte mener pour lutter contre cette maladie qui cause d’énormes décès chaque année ?

Nous envisageons de renforcer et d’étendre nos programmes de protections de l’environnement mais aussi d’intensifier la sensibilisation qui est l’un des moyens efficaces pour informer et donc protéger la population. Par ailleurs, nous avons déjà initié des activités communes avec des CTD dans d’autres domaines tel que le verdissement des politiques. Ainsi allons profiter de ces collaborations pour définir des initiatives communes visant particulièrement des actions en faveur de la lutte contre le paludisme.

Propos recueillis par Albert BOMBA

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