Électricité : Un déficit de 2 milliards de m³ d’eau touche Songloulou

(Green And Health News) – Le barrage de Songloulou, situé sur le fleuve Sanaga dans le département de la Sanaga-Maritime, rencontre des difficultés pour fournir ses 384 MW de capacité installée. Ce problème découle de l’ancienneté de cette infrastructure vieille de quarante ans, actuellement en cours de rénovation, mais principalement d’une hydrologie insuffisante que les dirigeants d’Eneo attribuent aux effets de changement climatique.
Depuis le début de l’année, le niveau de rétention est insuffisant pour garantir une production optimale. En conséquence, la centrale qui est supposée fournir 35 % de l’énergie du Réseau interconnecté Sud et qui alimente 7 des 10 régions du pays, fonctionne à une vitesse réduite. « En 2024, nous avons entamé l’année avec un déficit de remplissage des barrages de retenue de l’ordre de 2 milliards de m³, et l’étiage s’est avéré sévère sur la Sanaga. Ces deux facteurs ont conduit à une production souvent inférieure aux capacités maximales des trois grandes centrales (Songloulou, Edéa et Nachtigal). Ces réservoirs stabilisent les débits, permettant à Songloulou et Edéa de fonctionner à pleine capacité même en saison sèche » explique Eneo.
Effectivement, quatre barrages de retenue érigés sur les rivières affluentes à la Sanaga ont pour rôle de contrôler son débit afin que les centrales mises en place sur le fleuve ne soient pas affectées par une insuffisance d’eau. On parle ici des barrages de Bamendjin avec une capacité de 1,8 milliard de m³, du Noun, du Mapé (3,3 milliards de m³), du Mbakaou (2,6 milliards de m³) qui se trouve sur le Djerem, et enfin du Lom Pangar (6,2 milliards de m³). Après leur passage par ces barrages, les eaux mettent généralement entre 5 à 7 jours pour parvenir à Songloulou.
En ce qui concerne l’hydrologie que les responsables d’Eneo reconnaissent comme l’une des causes de la sous-performance, Maxime Nkat, directeur de l’usine de Songloulou explique que « Le problème hydrologique est temporaire depuis le début de l’année et est principalement dû au fait que les barrages de retenue en amont, comme Mbakaou, Bamendjin et autres, n’ont pas eu suffisamment de réserves pour garantir le débit régulier nécessaire de 1 100 m³/s. Actuellement, nous sommes autour de 800 m³/s, ce qui est inférieur au débit requis pour maintenir la pleine capacité en permanence ».
Pour Ahmadou Bivoung, directeur central de la production chez Eneo, « L’étiage de cette année résulte de deux facteurs. D’une part, le remplissage effectué une année N-1 sert à sécuriser l’étiage de l’année N. Or en 2023, nous avons terminé l’année avec un déficit de 2 milliards de m³ par rapport au remplissage de 2022 ». L’autre facteur tient principalement au faible volume d’eau libéré par les différents barrages de retenue. « Prenons le cas du RIS : les débits interannuels, indépendants des réservoirs, ont été particulièrement bas. Ainsi, la somme des débits éclusés et des débits interannuels s’est avérée très insuffisante pour alimenter correctement l’ensemble des barrages installés sur la Sanaga », conclut ce responsable.
Les performances d’Eneo révèlent l’influence de l’étiage sur les capacités de Songloulou. En 2015, ce barrage représentait 41 % de la production du Réseau interconnecté Sud (RIS), fournissant de l’énergie aux sept régions du sud du pays. Un an plus tard, la production a grimpé à 44 %, avant de connaître une baisse progressive pour ne plus dépasser 40 % depuis 2022.
Perspectives de solution
Pour permettre à Songloulou de maintenir son rôle central dans le RIS, Eneo mise sur la montée en puissance du barrage de Nachtigal, le plus important du pays avec une capacité de 420 MW. Cependant, l’énergéticien déplore une « interconnexion non optimale » entre Nachtigal et les centrales de Songloulou et Edéa, dont il a la charge.
Une autre problématique est l’impératif de diversifier les sources d’énergie (comme le solaire et l’éolien), dans le but de diminuer la susceptibilité aux longues sécheresses qui impactent de plus en plus les réserves d’eau du pays.
A.B / Investir Au Cameroun