Santé et matières plastiques au Cameroun : Des progénitures sont déjà malades depuis des décennies
Selon le rapport national sur la situation du plastique 2023, réalisé par Action des Femmes pour une Planète Bio (AFEPB), les phtalates, l’une des substances chimiques qui confère au plastique ses qualités prisées sont responsables de problèmes de fertilité et néonatales sur les bébés, en passant par les allergies et l’asthme. Et en règle générale, un plastique peut mettre jusqu’à 1000 ans pour se dégrader.
D’après les mêmes travaux de recherche, la quantité moyenne de plastiques en circulation sur le territoire par année, est de plus de 121 millions de tonnes entre 2015 et 2021.
C’est à partir du pétrole brut que naît le naphta (principale matière pour la fabrication des matériaux plastiques), après certaines étapes de raffinage. Mais aucun traitement de ce fossile n’empêche la diffusion de ses microparticules qui contaminent toutes les zones environnementales (air, eau et sols), ainsi que tous les éléments avec lesquels il est en contact (nourriture, peau, …). Déjà que lors de la fabrication du plastique, de nombreux additifs chimiques sont utilisés afin de donner un certain aspect au produit final : couleur, rigidité, transparence etc.
A la fin de son utilisation souvent courte dans les ménages, le plastique devient un déchet qui se retrouve dans les décharges d’ordures ou dans la nature. Et Malheureusement, les populations de plusieurs quartiers défavorisés et difficiles d’accès par les services d’hygiène et de salubrité, mettent le feu à leurs ordures ménagères. Ce sont des centaines d’emballages et objets plastiques qui fondent dans les flammes. L’ingestion et l’inhalation de microparticules de plastique sont inévitables. En effet, la combustion du plastique libère des gaz toxiques dans l’atmosphère, tels que les dioxines, les furannes, le mercure et les biphényles et polychlorés, ce qui constitue une menace pour la flore, et la santé des êtres vivants. Ces polluants sont cancérogènes et peuvent également perturber les systèmes respiratoires et thyroïdiens. Cette combustion libère également du carbone noir (suie) ce qui contribue au changement climatique.
Nous sommes au carrefour dit « Carrefour Coron ». Leïla étudiante en cycle Master dans un Institut de Formation pas loin de là, partage sa satisfaction : « Munis d’un camion, certaines personnes viennent ramasser les bouteilles plastiques qui remplissent souvent le court d’eau de ce petit carrefour. Depuis lors, nous sommes épargnés de ces grandes inondations qui sévissaient pendant la saison des pluies ». Étonnamment, « aucune entreprise ou initiative à grande échelle de collecte de recyclage n’a été créée au Cameroun », affirme l’AFEPB. Seules quelques initiatives de recyclage embryonnaire comme celle là sont réellement opérationnelles.
Au Cameroun, le traitement du déchet plastique connaît très souvent deux formes qui sont le recyclage ou la mise en décharge. Malheureusement, les décharges sont peu contrôlées et le pays ne dispose pas d’installation pour mieux valoriser les déchets plastiques.
Carole AMBASSA