Commerce du pain : 83% sont exposés sans protection dans les rues

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A l’occasion de la journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments qui sera célébré le 7 juin prochain, le Réseau des Défenseurs des Droits des Consommateurs (REDCO), avec l’appui du CONACO (Conseil National de la Consommation) lance une campagne de sensibilisation visant à éduquer les acteurs de la filière pain sur les bonnes pratiques d’hygiène et la norme camerounaise du pain vendu dans les rues.

Cette journée, placée sous le thème « Sécurité sanitaire des aliments : la science en action » est l’occasion attirer l’attention des producteurs sur les risques liés à l’alimentation et à promouvoir les bonnes pratiques pour protéger la santé des consommateurs. Ce thème met en lumière l’importance des normes scientifiques dans la protection de la santé publique. En cohérence avec ce thème et face à la consommation croissante du pain vendu dans les rues, il est opportun d’attirer l’attention des boulangers, distributeurs et vendeurs de rue sur les risques liés à la non-conformité du pain aux normes d’hygiène et de sécurité.

Les plaintes des consommateurs recueillies auprès des ADICS concernent généralement : l’hygiène douteuse des points de vente, la manipulation à mains nues, le transport du pain à l’air libre sans emballage ou encore les contaminations croisées avec la manipulation de l’argent et de la denrée. Ces préoccupations démontrent l’urgence de renforcer l’éducation sanitaire des vendeurs et de promouvoir le respect de la norme camerounaise sur le pain. Selon l’article 36 de la loi-cadre no2018/020 du 11 décembre 2018 sur la sécurité sanitaire des aliments « Sans préjudice de la répression des infractions déjà prévues en matière d’atteinte à la sante publique, est puni d’un emprisonnement de trois (03) mois à trois (03) ans et d’une amende de cent mille (100 000) a deux millions (2 000 000) de francs CFA, celui qui met à disposition des aliments frelates et/ou impropres à la consommation humaine et/ou animale »

Dans le contexte Camerounais, plusieurs enquêtes de terrain et étude menées par les acteurs de la santé publique et les organisations de défense des consommateurs ont révélé des préoccupations majeures concernant la qualité sanitaire du pain vendu dans la rue la plupart exposés aux mouches et à la poussière. Selon le rapport du MINSANTE 2024, 83% des pains sont exposés sans protection. Sur le plan sanitaire, les consommateurs s’exposent à des pathologies telles que les infections alimentaires, les infections gastro-intestinales (diarrhées, salmonellose), les affections parasitaires et les intoxications chimiques dues à une conservation inadéquate ou à l’utilisation de produits non-conformes (bromate de potassium). Le rapport du LANACOME 2023 en dit d’ailleurs long 45% des pains sont contaminés par les agents microbiens.

D’un point de vue économique, l’accessibilité du pain en tant qu’aliment de base dans les couches les plus vulnérables de la population en fait un produit très consommé dans les milieux urbains. Cependant l’insuffisance des contrôles rigoureux sur les conditions de fabrication, de distribution et de vente contribue à la persistance de pratiques dangereuses pour la santé publique.

Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au niveau national

Selon l’Enquête Nationale sur la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Cameroun de 2020 publié par l’Institut National des Statistique, environ 2,7 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë au Cameroun pour la phase courante d’octobre à décembre 2020 et 2,3 millions (9%) en phase projetée (Juin-Août 2021). La grande majorité de ces personnes se trouvent dans les régions de l’Extrême-Nord, Nord-Ouest, Littoral et Sud-Ouest et Adamaoua.

L’enquête note également que l’insécurité alimentaire résulte essentiellement d’une consommation alimentaire inadéquate (10.7% de la population), de stratégies d’adaptions négatives basées sur la consommation alimentaire ou sur les moyens d’existence (respectivement 10.2% et 17.2% des ménages), ou de la vulnérabilité économique, avec 33.2% de la population consacrant 65% ou plus de leurs dépenses aux aliments. Par ailleurs, 1.1% des ménages souffrent de faim très grave. Près du tiers (32.4%) des ménages au Cameroun ont une alimentation peu diversifiée, composée d’au plus quatre groupes d’aliments, et ce davantage dans les régions du Littoral (48.4%), de l’Extrême-Nord (39.1%) et du Nord-Ouest (36.7%). Aussi, 10.2% de ménages ont fréquemment recours à des stratégies d’adaptation de consommation alimentaire telles que la consommation d’aliments moins préférés ou moins chers (62.0%), surtout dans les régions de l’Extrême-Nord (26.0%) et du Nord (18.9%). En outre, 9.7% ont expérimenté l’emploi de stratégies de crise et 7.5% de stratégies d’urgence au cours du mois précédent l’enquête, surtout dans les régions de l’Extrême Nord (38.2%), du Sud-Ouest (22.1%), du Nord-Ouest (18.8%) et du Nord (17.7%). Les ménages dirigés par une femme ont tendance à être plus en insécurité alimentaire que ceux ayant un homme à leur tête dans les régions de l’Adamaoua, du Nord, du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Sud.

Albert BOMBA

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