Semaine de l’allaitement maternel : L’UNICEF fait le plaidoyer

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A l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement maternel célébrée sous le thème « Prioriser l’allaitement : créer des systèmes de soutien durables », l’Unicef a organisé le 7 août 2025 à Yaoundé un café Média qui vise à mobiliser les journalistes autour de ces enjeux pour renforcer la communication et le plaidoyer en faveur de l’allaitement maternel au Cameroun.

Malgré que plus de 90 % des femmes au Cameroun nourrissent leurs bébés au sein, l’allaitement maternel exclusif est encore insuffisamment pratiqué. D’après l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) réalisée en 2018, à peine 39,7 % des nourrissons de moins de six mois bénéficient d’un allaitement exclusif. Ce chiffre est inférieur aux objectifs établis par l’Assemblée mondiale de la santé, qui recherche 50 % d’ici 2025 et 60 % d’ici 2030.

Par ailleurs, la mise au sein immédiate après la naissance est encore faible : 43,1 % dans les formations sanitaires et 35 % à domicile. De plus, seulement 23 % des femmes poursuivent l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans.

Défis liés à l’allaitement maternelle

L’allaitement maternel présente des défis majeurs notamment le manque de soutien dans les établissements de santé ; l’absence de politiques favorables à l’allaitement sur les lieux de travail ; la persistance de pratiques culturelles et sociales qui nuisent à l’allaitement exclusif ; la commercialisation agressive des substituts de lait maternel.

Pour répondre à ces défis, le Plan Multisectoriel de Développement de la Nutrition 2024–2030 prévoit des actions pour améliorer les taux d’allaitement, notamment à travers la formation du personnel de santé, la sensibilisation communautaire, et le renforcement des politiques publiques.  « La femme dans sa communauté, à l’intérieur de sa propre famille, il faut également qu’il y ait des groupes de soutien avec d’autres femmes qui puissent aider la femme allaitante à peut-être s’occuper des autres plus petits. Donc, il y a tout un système qui doit être autour de la femme et de sa famille pour que l’allaitement maternel puisse se faire de manière adéquate. Mais, en parlant maintenant des femmes qui travaillent, c’est là le grand problème, il faut que les lois et les politiques soient aussi conducive à l’allaitement maternel, dans le sens de congés maternités payés, congés paternités payés, d’espaces de travail où on peut avoir une crèche ou un espace où la femme peut se retirer pour allaiter. Donc, autant de mesures aussi bien que le gouvernement, mais aussi les acteurs qui sont dans la communauté et les familles, particulièrement les pères de famille, et tout cela qui entourent la femme allaitante, qui puissent vraiment se mettre en œuvre » affirme Nadine Perrault, Représentante de l’UNICEF au Cameroun.

L’allaitement maternel : un acte sûr même pour les mères séropositives ou porteuses de l’hépatite B

Selon le Pr Anne Esther NJOM NLEND, pédiatre néonatologiste l’allaitement maternel est considéré comme le premier vaccin pour les nouveau-nés, car il contient de nombreux produits anti-infectieux qui aident à protéger les bébés contre les infections. Malgré certaines idées reçues, les femmes séropositives ou porteuses de l’hépatite B peuvent allaiter leur enfant en toute sécurité, sous certaines conditions.

Pour les femmes séropositives, la prise d’antirétroviraux est essentielle pour réduire la charge virale dans le sang et dans le lait maternel. Lorsque la charge virale est indétectable, le risque de transmission du virus à l’enfant est considérablement réduit. Les professionnels de santé doivent s’assurer que les mères séropositives prennent correctement leurs antirétroviraux et ont une charge virale indétectable avant de recommander l’allaitement.

Pour les femmes porteuses de l’hépatite B, la vaccination du nourrisson dans les 24 heures suivant la naissance est cruciale pour prévenir la transmission de la maladie. La mère peut allaiter son enfant en toute sécurité après la vaccination. Les autorités sanitaires recommandent également que les mères porteuses de l’hépatite B prennent des antirétroviraux à partir du deuxième trimestre de la grossesse pour réduire le risque de transmission.

Les enfants nés de mères séropositives ou porteuses de l’hépatite B ont les mêmes recommandations nutritionnelles que les enfants nés de mères non infectées. Ils doivent être allaités de manière exclusive jusqu’à l’âge de 6 mois, puis de manière non exclusive avec une alimentation complémentaire diversifiée.

Les professionnels de santé doivent rassurer les mères séropositives ou porteuses de l’hépatite B que l’allaitement maternel est possible et sûr, sous certaines conditions. Il est essentiel de suivre les recommandations sanitaires pour minimiser les risques de transmission et garantir la santé de l’enfant.

Albert BOMBA

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