Afrique centrale : Un premier recensement des chimpanzés dans le Grand Virunga

0
29

(Green And Health News) – Pour la première fois, un recensement scientifique se penche sur la population de chimpanzés dans le Grand Virunga, vaste écosystème transfrontalier partagé entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda. Portée par la GVTC, cette initiative inédite marque une étape importante dans la préservation des grands singes menacés d’extinction.

C’est une grande première pour l’Afrique centrale : le tout premier recensement incluant les chimpanzés est en cours dans le massif du Grand Virunga. Cette initiative est pilotée par la Collaboration transfrontalière du Grand Virunga (GVTC), qui regroupe la République démocratique du Congo, le Rwanda et l’Ouganda autour de la préservation de cette aire protégée emblématique. Jusqu’à présent, les efforts de recensement se concentraient exclusivement sur les gorilles de montagne (Gorilla beringei beringei). « C’est la toute première enquête qui va combiner à la fois les gorilles de montagne et les chimpanzés », explique Fidèle Ruzigandekwe, secrétaire exécutif adjoint de la GVTC.

Le recensement vise à combler un vide en matière de données sur les chimpanzés, qui, comme les gorilles, font face à de nombreuses menaces. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), quatre espèces de grands singes sur six sont aujourd’hui en danger critique d’extinction, parmi lesquelles les deux gorilles et les orangs-outans. Le chimpanzé et le bonobo, eux, sont classés comme menacés. Cette situation alarmante est exacerbée par la pression croissante sur les forêts tropicales, dues notamment à l’expansion agricole et aux conflits humains-faune.

Pour cette nouvelle campagne de six mois, une soixantaine d’enquêteurs bien formés ont été déployés dans la forêt de Bwindi en Ouganda, une zone réputée pour abriter plus de la moitié de la population mondiale de gorilles de montagne. Leur mission se poursuivra dans le Parc national des Volcans au Rwanda et dans celui des Virunga en RDC. Contrairement aux précédentes méthodes basées uniquement sur la collecte de nids de gorilles, le recensement actuel innove avec des observations directes le long de transects linéaires. Cette approche plus robuste permet une estimation plus fiable de la densité et de l’abondance des chimpanzés dans le massif. Les échantillons de crottes collectés dans les nids permettent des analyses génétiques, utiles pour déterminer l’âge et la lignée des individus observés.

L’enjeu dépasse la simple conservation. Des études scientifiques ont démontré que les chimpanzés peuvent jouer un rôle clé dans la découverte de molécules médicinales. Une recherche menée en 2011 a ainsi mis en évidence que des plantes consommées par les chimpanzés en Ouganda renfermaient des principes actifs à fort potentiel thérapeutique pour l’homme. En étudiant ces primates dans leur habitat naturel, les chercheurs espèrent aussi mieux comprendre certains comportements liés à la santé humaine.

La mise en œuvre de cette ambitieuse opération de terrain ne va toutefois pas sans défis. L’Est de la RDC, où se trouve une partie du massif des Virunga, est marqué par une insécurité persistante. Les enquêteurs ont donc été spécialement formés pour gérer les risques liés aux conflits violents, assurent les responsables de la GVTC. Mais malgré les obstacles, les précédents recensements de gorilles ont déjà porté leurs fruits. Entre 2008 et 2017, la population de gorilles de montagne est passée de 680 à 1 063 individus, signe que les efforts de conservation portent leurs fruits. Ce recensement pionnier des chimpanzés pourrait bien ouvrir une nouvelle ère pour la protection intégrée des grands singes d’Afrique centrale.

La Rédaction

Leave a reply