Gestion des emballages plastiques : 09 années de lutte sans voir le bout du tunnel
Depuis le 24 avril 2014 est entrée en vigueur au Cameroun, l’arrêté du 24 octobre 2012 du ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable, interdisant l’utilisation des emballages plastiques non-biodégradables d’épaisseur inférieure ou égale à 60 microns. Mais aucun changement significatif n’est observé dans le pays.
De cette mesure de l’arrêté conjoint Minepded/Mincommerce, c’est l’article 7 alinéa 1 qui retient toutes les attentions : « (1) Sont interdits, la fabrication, l’importation, la détention et la commercialisation ou la distribution à titre gratuit des emballages plastiques non biodégradables à basses densité inférieure ou égale à 60 microns d’épaisseur (1 micron vaut 1/1000 mm) ainsi que les granulés servant à leur fabrication ». L’Exécutif a pris des dispositions dans la foulée pour briser les volontés contraires dans les marchés populaires et dans les frontières. Malheureusement, ceci n’a duré qu’un certain temps, le temps pour les emballages non biodégradables de grandir en valeur marchande chez les grossistes et par conséquent, chez les petits revendeurs.
D’après le rapport de la société endocrinienne « plastiques, santé et perturbateurs endocriniens » publié en décembre 2020, 144 produits chimiques provenant du plastique sont retrouvés dans l’organisme des personnes étudiées qui souffrent du cancer, diabète, infertilité… L’impact néfaste de la mauvaise gestion des déchets plastiques sur la flore comme sur la faune n’est plus à démontrer. Le Climat se réchauffe chaque jour qui passe, au Cameroun. L’incinération des déchets plastiques contribue aussi à l’augmentation des gaz à effets de serre.
L’arrêté ministériel était déjà un premier instrument juridique mais il n’était pas contraignant. Il a fallut deux ans pour qu’il entre en vigueur. c’est pourquoi, cette disposition a souffert d’application durant tout le temps de sa mise en application. Jusqu’à nos jours, les populations vivent toujours dans l’espace temps de ces deux années d’inaction. Elles n’ont pas changer de comportement. Au contraire, elles ont pris le train en marche et ainsi, augmenter le budget du panier de la ménagère en matière d’emballages plastiques.
Néanmoins, l’entrée en vigueur de ce décret montre l’implication du gouvernement dans la lutte contre les emballages plastiques. Les sanctions infligées sont à la fois administratives et pénales. Environ 3000 personnes ont été sanctionnées, près de 600 gardées à vue et plus de 390 contrevenants traduits en justice. Certains ont été libérés contre paiement d’une amende, d’autres ont été condamnés à des peines d’emprisonnement. Plus de 70 millions de Fcfa d’amendes ont été recouvrés et reversés comme fonds publics. Mais force de cela, le laxisme de certains agents de contrôle n’a pas contribué à la durabilité de cette surveillance.
Et puis, la promotion des alternatives n’a pas été mise en avant. le décret a souffert d’application et aujourd’hui, nous sommes retournés à la case de départ, les sachets plastiques pullulent les villes camerounaises.
Il faudrait une meilleure implication de toutes les parties prenantes. Ce sont les ministères (MINEPDED, MINMIDT, MINCOMMERCE…) mais aussi les mairies et les différentes directions dans l’accompagnement de projets pour des solutions alternatives au plastique. Les gouvernements devraient promulguer une loi moins flexible, qui promeut essentiellement les emballages biodégradables comme le papier. Enfin, sensibiliser les populations sur l’utilisation de sac en rotin, bambou ou paille et adopter ainsi, un comportement éco responsable.
Carole Ambassa