Madagascar : Vers l’amélioration transparente de la pèche

0
73

Madagascar a récemment publié son premier rapport sur la transparence des pêches, dans le cadre d’un effort d’ouverture, de démocratisation et d’amélioration de la durabilité de son secteur de la pêche. Le rapport est une étape importante dans un processus défini par l’Initiative pour la transparence des pêches (FiTI), une organisation à but non lucratif basée aux Seychelles.

Selon Mongabay, la pêche est l’une des industries les plus essentielles et les plus lucratives de Madagascar, une nation insulaire qui compte plus de 5 600 kilomètres de côtes et environ 1,2 million de kilomètres carrés de zone économique exclusive. Le secteur a une capacité de production annuelle de 750 millions de dollars, ce qui représente 5 à 7 % du PIB national, selon les données de la Banque Mondiale citées par le ministère de la Pêche. Plus de 500 000 pêcheurs qui vivent le long des côtes de l’île dépendent des ressources marines pour leur alimentation et leur revenu et nourrissent des millions de personnes.

Le 26 janvier, la FiTI a annoncé que Madagascar avait publié le rapport, qui couvre l’année fiscale 2022 et contient des informations jusqu’ici non divulguées, en décembre 2023. Madagascar est l’un des rares pays à avoir franchi cette étape dans le processus FiTI, Cabo Verde ayant publié son premier rapport à peu près en même temps. Le même jour, les États-Unis se sont engagés à aider Madagascar à lutter contre la pêche illicite. « La présentation du rapport FiTI est le premier pas en direction d’une plus grande transparence du secteur de la pêche à Madagascar » déclare Ketakandriana Rafitoson, Directrice générale de Transparency International-Initiative Madagascar (TI-MG). L’une des auteurs du rapport, et membre du conseil actuel de la FiTI, a communiqué Mongabay qu’il reste toutefois encore beaucoup d’efforts à faire pour respecter intégralement les 12 exigences de transparence de la FiTI.

Le manque de transparence dans le secteur de la pêche a depuis longtemps suscité des préoccupations, avec des signalements de bateaux étrangers qui épuisent de manière abusive les stocks de poissons du pays, et des accords de pêche secrets passés avec d’obscures entreprises étrangères. Le rapport élaboré par l’expert-conseil Eric Beantanana pour le groupe multipartite de Madagascar, un comité qui supervise la participation du pays au processus FiTI, fournit des informations sur les pêches traditionnelles, artisanales et industrielles, une liste des lois et réglementations encadrant le secteur, les régimes d’occupation et les accords d’accès. Il évalue également la transparence du pays selon la disponibilité et l’accessibilité des données dans six domaines thématiques tels qu’ils sont énoncés par le Standard de la FiTI.

Encore plus importants, des renseignements sur de grands navires, étrangers et nationaux, pêchant dans les eaux de Madagascar ont été rendus publics pour la première fois. Leur mode de fonctionnement, le processus de délivrance des licences, la durée des accords régissant leurs activités, les quotas, les prises, les taxes payées, et l’utilisation que fait le ministère de la Pêche de l’argent obtenu grâce à ces accords. Le rapport liste également les recommandations au gouvernement de Madagascar destinées à améliorer la transparence. Entre autres recommandations se trouve la numérisation de tous les documents relatifs aux lois, réglementations et politiques sur la pêche, afin qu’elles soient accessibles au public, et la suppression progressive des clauses de confidentialité des accords de pêche signés avec des entités étrangères. Madagascar s’est engagé dans le processus FiTI il y a trois ans. Tsimanaoraty Paubert Mahatante, le ministre de la Pêche et de l’Économie bleue de Madagascar, lui-même un scientifique du domaine de la pêche, a dit à Mongabay que dès qu’il a été nommé ministre en août 2021, il a écrit au conseil de la FiTI pour indiquer la volonté du pays de rejoindre l’initiative.

Madagascar et cinq autres pays notamment Cabo Verde, l’Équateur, la Mauritanie, São Tomé et Príncipe, et les Seychelles sont actuellement des pays candidats de la FiTI. Chaque pays a un groupe multipartite comprenant des représentants du gouvernement, de la société civile et du secteur privé pour guider et faire un rapport annuel sur ses progrès vers la satisfaction des 12 exigences de transparence du standard FiTI. En démontrant des progrès constants en direction de ce standard, ils pourront un jour devenir des pays conformes à la FiTI, un statut qui, pour être conservé, demande des rapports réguliers et une validation par la FiTI.

C.E et Mongabay

Leave a reply